#0 - A propos du projet: Ce qui nous lie*
En attendant le premier portrait, je vous parle du projet.
Les mercredis après-midi de notre enfance, nous avons regardé des dessins animés japonais doublés en français. Les jours sacrés de nos anniversaires, nous avons guetté nos noms au générique de fin. Ensuite, nous avons échangé des cassettes repiquées et grésillantes et nous avons souvent dû démêler la bande du walkman pour passer à la face B.
Source: Pexels - Photo de NFT CAR GIRL
Plus tard, nous avons collectionné des singles que nous écoutions chez celles qui avaient des radios cassette avec l’option compact disc. L’arrivée des téléphones portables a bouleversé nos habitudes alors que nous entrions déjà dans l’âge adulte et, les premières années, les prix exorbitants des forfaits réduisaient nos appels à des échanges d’informations essentielles.
Nous nous souvenons bien du passage à l’euro, des prix convertis sur les tickets de caisse et des années où les deux monnaies étaient encore en circulation. Nous avons enregistré les épisodes de Buffy doublés en français qui passaient tard le samedi soir. Et quand nous avons eu l’occasion, nous avons fait un Erasmus parce que Romain Duris nous avait montré que faire d’une autre ville son chez soi, c’était la meilleure façon d’apprendre à se connaître. Et peut-être du coup, de faire les bons choix.
Source: Pexels - Photo de cottonbro studio
Nous sommes Emilie, Julie, Audrey et Marie …
Nous sommes les filles de 1984 et nous aurons bientôt quarante ans.
Ce n’est pas notre premier passage de dizaine bien sûr mais ce passage à la quarantaine a un aspect décisif qui lui est propre. Parce que quarante ans, pour une femme, c’est plus ou moins l’âge où l’on arrête de faire des enfants. C’est une limite symbolique nourrie par le tas d’exceptions qui la confirment. Vers quarante ans, qu’on ait des enfants ou qu’on n’en ait pas, la question de voir la fenêtre des possibles se refermer nous travaille toutes plus ou moins. Et faire la paix avec l’idée que ce ne sera bientôt plus possible, c’est aussi accepter de devenir ce que l’on est, nous, en dehors de cette perspective qui nous avait suivie, en filigrane, jusqu’à cet instant.
Source: Pexels - Photo de cottonbro studio
Il faut dire aussi, qu’à quarante ans, on n’est plus “jeune”. On n’est plus une jeune employée, une jeune entrepreneuse ou une jeune maman. On est nous. Enfin.
A quarante ans, on a l’expérience pour ne plus s’excuser et on a eu le temps de mûrir nos goûts à l’épreuve des années et nos ambitions à l’épreuve du réalisme.
A quarante ans, on commence à pas mal se connaître et si on ne sait pas encore exactement qui on est, on sait quand même bien mieux qu’avant ce que l’on n’est pas.
Alors, dans un monde aux accents chaotiques, dans une réalité qui ressemble en tout point à celle d’avant le covid mais qui, à mieux regarder, est quand même bien différente, on en est où nous, les filles de 1984 ?
Parce que j’ai envie de faire ce qui me tient vraiment à coeur ✍️ dans un format que j’aime vraiment (Humans of New York, les portraits de Libé) en rendant hommage à un artiste dont les chansons ont traversé avec moi ces années-là (Les filles de 1973 de Vincent Delerm), je me tourne vers les filles de ma génération et j’ai envie de dresser leur(s) portrait(s) pour puiser dans leur expérience un peu de leur sagesse.
A travers ce patchwork d’histoires, j’espère peindre une fresque de ce que nous avons accompli, de ce que nous sommes et de ce que nous espérons pour l’avenir.
⏳ Premier portrait dans quelques jours…
*Ce qui nous lie est emprunté au titre du très beau film de Klapisch
Je trouve tes mots si justes sur ce passage à la quarantaine
Très sympa comme thème ! Une vraie... "plume with attitude" :-)